Amélie, expert environnement
Cette étrange habitude est malheureusement bien ancrée dans de nombreux foyers : jeter sans réfléchir… Par automatisme, manque d’information ou simplement parce que le marketing nous fait croire que tout doit se remplacer régulièrement. Pourtant, certains objets du quotidien ont été conçus, à l’origine, pour durer. Longtemps, très longtemps. Et même à vie pour la certains. Paradoxalement, et bien souvent, ce sont aussi ceux qui finissent le plus vite à la poubelle…
Jeter ce qui est encore viable, un geste qui n’est pas sans conséquences, sur les ressources naturelles, la production de déchets, et parfois même sur le porte-monnaie. Dans un monde qui cherche à réduire son empreinte écologique, réapprendre à regarder les objets autrement devient une petite révolution à portée de main. Voici donc cinq objets banals, discrets, que l’on jette beaucoup trop vite… alors qu’ils pourraient traverser les années sans prendre une ride.
Le bocal en verre, le roi discret du zéro déchet
C’est sans doute l’objet le plus sous-estimé de nos cuisines. Les bocaux en verre – ceux des confitures, des sauces, des cornichons – sont souvent jetés une fois vides, relégués au bac de tri sans autre forme de procès. Et pourtant, ils sont parmi les contenants les plus solides et les plus polyvalents qui soient.
Résistants à la chaleur comme au froid, hermétiques une fois bien fermés, ils peuvent remplacer à eux seuls une panoplie de boîtes plastiques, de tupperwares, voire de verres à boire. On y conserve les restes, on y transporte ses repas, on y stocke les aliments secs, on y fait ses conserves ou ses yaourts maison. Certains s’en servent même comme verre doseur ou comme petit vase improvisé.
Leur durée de vie est quasiment infinie… sauf en cas de chute brutale, évidemment. Et leur esthétique vintage fait mouche, surtout quand les étiquettes sont retirées avec soin. Bref, une pépite qui dort dans la poubelle.
Le torchon en tissu : plus qu’un simple textile
Dans l’univers des objets ménagers, le torchon est un survivant. Lavable, résistant, multifonction, il a pourtant perdu du terrain face aux essuie-tout jetables, lingettes et autres microfibres synthétiques. Résultat : des torchons abîmés ou tachés terminent trop vite au rebut.
Et pourtant, un bon torchon en coton peut être réutilisé des centaines de fois. Il suffit de le laver, de le rapiécer si besoin, de le reléguer à d’autres usages quand il commence à fatiguer. De torchon de vaisselle, il devient torchon de ménage, puis chiffon à poussière, puis serpillère improvisée.
Son tissage épais en fait un support idéal pour emballer du pain, couvrir des plats, ou même remplacer du papier cuisson en certaines occasions. Mieux encore, certains torchons peuvent être upcyclés en sacs à vrac, en filtres pour le lait végétal ou en poche à compost.
Bref, un carré de tissu qui, bien traité, peut rendre service à vie.
La brosse à vaisselle en bois, le faux jetable pourtant ultra durable
Avec son manche en bois et sa tête ronde à poils durs, la brosse à vaisselle semble anodine. Pourtant, à l’ère du tout-plastique, elle marque un retour bienvenu à des objets simples et conçus pour durer.
Contrairement aux éponges synthétiques qui se désagrègent et finissent à la poubelle tous les quinze jours, la brosse en bois est une fidèle alliée sur le long terme. Sa tête est remplaçable, son manche est incassable (ou presque), et elle se nettoie en un clin d’œil.
Quand elle est fatiguée, on peut même lui donner une seconde vie dans le jardin ou dans l’atelier, pour nettoyer des pots, des outils ou des surfaces rugueuses.
Avec une brosse en bois bien entretenue, il est possible de ne plus jamais racheter d’éponge. Et ça, les placards respirent.
Le cintre, pas si fragile
Autre victime du “jetable par habitude” : le cintre. Qu’il vienne du pressing, qu’il soit dépareillé ou qu’il paraisse un peu tordu, il est souvent mis au rebut dès qu’il sort du rang.
Et pourtant, un cintre bien fait ne meurt jamais. En métal, il se redresse. En bois, il se ponce ou se recolle. Et même s’il n’est plus au goût du jour pour suspendre les vêtements, il peut être détourné : support pour plantes, cadre photo, outil de rangement mural, ou base pour des décorations saisonnières.
Dans un monde où la fast fashion pousse à renouveler les penderies sans cesse, réapprendre à aimer un cintre tordu, c’est presque un acte de résistance poétique.
Le briquet à pierre : oublié, mais increvable
Le briquet à pierre a quasiment disparu du paysage, éclipsé par les briquets jetables à gaz bon marché. Pourtant, ce petit outil emblématique est conçu pour durer des années. Il suffit de remplacer la pierre de temps à autre et de le recharger en essence ou en gaz.
Le fameux briquet tempête, celui des grands-pères, peut résister au vent, à l’eau, au temps, et même à la mode. Il devient un objet de transmission, parfois même un bijou d’histoire.
Contrairement aux briquets jetables, qui s’entassent dans les décharges et finissent souvent dans la nature, le briquet à pierre incarne une logique d’entretien, de soin, de longévité.
Et ce n’est pas réservé aux fumeurs : il peut servir au barbecue, au camping, à la cuisine ou même… pour allumer une bougie en toute élégance.
Ces objets, trop souvent traités comme des consommables, peuvent en réalité durer des années – voire une vie entière. Il suffit de les regarder autrement, de leur accorder un peu d’attention, et de sortir du réflexe du “neuf”. Dans une époque qui redécouvre les vertus du durable, ils rappellent que la longévité n’est pas une qualité d’exception… mais un art de vivre.