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Pollution sonore : comment les bruits humains affectent la biodiversité

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©Pascal-L-Marius/iStock

L’impact des bruits produits par l’homme nuit à la biodiversité, c’est un fait. En mer, sur terre ou dans l’air, la pollution sonore désoriente la faune et fatigue la flore. Quelles solutions pour y remédier ?

Quand on parle de pollution, on pense souvent aux émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Pourtant, il existe d’autres formes de pollution, tout aussi néfastes pour la faune et la flore. C’est notamment le cas de la pollution visuelle, numérique ou encore sonore.

Qu’est-ce que la pollution sonore ?

La notion de pollution sonore regroupe toutes les nuisances sonores humaines dont les conséquences peuvent se répercuter sur la santé et la qualité de vie, chez l’homme comme chez les écosystèmes. Selon leur intensité, ces bruits peuvent même aller jusqu’à tuer certains animaux ou entraver leur reproduction. La pollution sonore fait souvent référence aux bruits induits par :

  • Les voitures et autres véhicules à moteur (motos, scooters, camions, etc.)
  • Le train
  • Les avions
  • Le trafic maritime, les cargos, les bateaux de pêche et autres embarcations motorisées
  • Les usines
  • Le domaine de la construction et du bâtiment (travaux, chantiers, carrières et autres sources de bruit mécaniques)
  • Les ondes, ultrasons et infrasons
  • Les discothèques, bars, festivals en pleine nature et autres manifestations bruyantes
  • Le voisinage
  • Les sons de cloche récurrents
  • Le bruit des animaux domestiques (aboiements de chiens, élevages ou refuges)
  • Le téléphone mobile
  • Les drones
  • La musique.

Le bruit s’est imposé comme la principale nuisance environnementale en Europe.

Dr Srdan Matic, coordinateur pour l’environnement et la santé à l’OMS

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©BackyardProduction/iStock

Le bruit, une source de nuisance sonore aussi gênante pour la santé humaine qu’animale et végétale

Une grande partie de la population est confrontée à la pollution sonore. On pense notamment aux personnes habitant en bordure de route, de voie ferrée, de port et d’aéroport ou encore proche des zones d’activité. Le bruit compte parmi les raisons de plaintes les plus récurrentes, source de stress, de conflits, voire même de maladies. Quand on se rend compte de la gêne sonore provoquée au quotidien par les routes et aéroports pour nos oreilles humaines, que dire du confort auditif des animaux, à l’ouïe bien plus acérée que la nôtre ?

Le son dépasse souvent le niveau de la simple nuisance et peut affecter la santé auditive et mentale des humains, mais aussi de la faune et de la flore, mettant en danger la biodiversité tout entière. Nombreuses sont les images circulant sur la toile de ces mammifères marins s’échouant sur les plages, désorientés par le bruit du trafic maritime… La biodiversité marine est certes considérablement impactée, mais il ne faut pas en oublier la biodiversité terrestre, tout aussi touchée par la pollution sonore.

Même si le milieu sonore maritime est beaucoup plus étudié aujourd’hui et fait plus parler de lui, la biodiversité terrestre est toujours touchée par les sons anthropiques.

Charlotte Curé, bio-acousticienne

Les conséquences de la pollution sonore sur la faune et la flore

Au cours de l’évolution, les animaux ont su développer plusieurs mécanismes pour faire face aux bruits naturels comme la pluie, le vent ou les chants d’autres espèces. Mais depuis quelques décennies, les activités humaines génèrent de nouveaux bruits à l’intensité plus ou moins forte, influant directement sur l’audition, la santé et la communication de nombreuses espèces.

Si la pollution sonore est néfaste pour la planète entière, certains bruits sont plus dérangeants que d’autres pour certaines espèces. Pour la faune, ce sont particulièrement les bruits forts et les sons continus (passage de véhicules motorisés) qui les mettent en danger.

Le bruit provoqué par le passage des voitures diminue la présence d’oiseaux jusqu’à 1,5 kilomètre à la ronde.

Léopold Picot, journaliste chez Kaizen-Magazine 

Les effets physiologiques de la pollution sonore sur la santé des animaux s’observent aussi bien au niveau auditif (perte d’audition) que sur le plan comportemental (stress, mauvaise communication, difficultés de reproduction et d’alimentation). Les chauves-souris font partie des espèces terrestres les plus impactées par la pollution sonore : ces petits mammifères se repèrent et se nourrissent en effet via des sons et des ondes. Même si certaines espèces animales sont capables de s’adapter à cette exposition sonore permanente, toutes ne peuvent y survivre.

Dès l’année 2003, les oiseaux auraient modifié leur chant pour contrer la cacophonie urbaine.

Hans Slabbekoorn, comportementaliste animalier

La flore, tout aussi touchée par le bruit

Les animaux ne sont pas les seuls à pâtir des nuisances sonores. Les végétaux font eux aussi les frais de la pollution sonore. Si les oiseaux et mammifères peuvent déserter les zones parasitées par le bruit, les espèces végétales ne peuvent pas en dire autant, la chaîne se brisant fatalement. Les déjections animales permettant la bonne répartition des graines nécessaires à la survie des végétaux se font ainsi de plus en plus rares dans certaines régions polluées par le bruit, achevant de ralentir leur progression, et pouvant même les faire disparaître.

Certaines variétés de fleurs comme l’onagre adapteraient leur comportement selon les bruits environnants. C’est ainsi que la fleur augmenterait la dose de sucre de son nectar quand elle entend approcher le bruissement d’ailes des pollinisateurs. En temps de pollution sonore, la plante aurait du mal à distinguer la présence d’insectes autour d’elle, et stopperait sa production de sucre, mettant en danger la pollinisation tout entière.

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©Meggyn Pomerleau/Unsplash

La pollution sonore ne date pas d’hier, mais s’amplifie dangereusement

L’Homme a de tout temps produit des sons dans son environnement. Aujourd’hui, et depuis l’ère industrielle, on ne parle plus de son, mais de bruit, aussi gênant pour l’humain que pour l’animal et les espèces végétales. Depuis le 19e siècle, les bruits humains ne cessent d’augmenter. De nos jours, on constaterait une diminution de 50 à 90% des lieux naturels exempts de tout bruit artificiel.

Aux États-Unis, les sons d’origine humaine auraient doublé le niveau de bruit de fond naturel dans la majeure partie des zones pourtant protégées. Bonne nouvelle en revanche dans les réserves intégrales, des lieux où les sons anthropiques sont nettement moins dérangeants pour l’écosystème.

Face à ce type de pollution, quelles solutions ?

Heureusement, face à la pollution sonore, il existe des solutions. La plus simple consisterait à troquer sa voiture contre un vélo et à éviter les bruits dans la nature dès que cela est possible. Mais tout n’est malheureusement pas si simple… Cela dit, de nombreuses recherches sont conduites sur le sujet, et notamment en milieu urbain. La végétalisation des bâtiments et habitations par exemple, permettrait, en plus de lutter contre le dérèglement climatique, de réduire la réverbération du son. Sur le même schéma, l’implantation de parcs et espaces verts peut contribuer à améliorer la qualité sonore d’une commune, quelle que soit sa taille.

Réduire la vitesse des transports en tout genre pourrait aussi diminuer leur fréquence sonore.  À titre d’exemple, réduire la vitesse de 70 à 50 km/h serait capable de baisser le niveau sonore de 2 à 3 décibels. Cette solution a déjà été mise en place dans plusieurs centres-villes de France et d’ailleurs, comme à Grenoble ou encore à Bruxelles (agglomération limitée à 30 km/h). Et qu’on se le dise, il n’est pas interdit de ralentir sa vitesse en dessous de la limitation indiquée sur les panneaux routiers !

En milieu maritime, les scientifiques testent activement des « rideaux de bulles », dispositifs spécifiques permettant de réduire la propagation du son, à l’image des murs anti-sons implantés aux bords des autoroutes. Sur terre et en ville, le revêtement des routes peut considérablement réduire le bruit du passage des voitures, tout comme le choix de transports doux sans moteur (ou électriques).

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©Sebastian Grote/iStock

Face à la pollution sonore, de nombreuses solutions existent ! Il ne tient qu’à nous de les adopter au quotidien pour réduire son impact environnemental.

Et vous, connaissez-vous d’autres solutions pour lutter contre la pollution sonore au quotidien ? Partagez-nous vos astuces zéro déchet en commentaire !

Rédigé par Margaux Blanc, experte zéro déchet

Bretonne de cœur et de sang, je suis particulièrement sensible à l'environnement, partageant mon temps entre la montagne et l'océan. Des paysages de toute beauté qui forcent au respect. Depuis 2016, j'ai adopté un mode de vie (presque) zéro déchet, pour le plus grand plaisir de mon porte-monnaie ! En espérant que mes recettes et tutoriels éthiques, écologiques et économiques vous permettent de réduire vos déchets du quotidien, tout en vous évitant les dépenses inutiles.

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