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Petit-déjeuner zéro déchet : quelles alternatives au café d’Afrique ou d’Amérique ?

café tasse mug impact empreinte carbone
©Jessica Lewis/Unsplash

Si on tend souvent à l’oublier, pensant qu’il nous vient tout droit d’Italie, le café n’a pas l’avantage du local… Tout comme le thé à la provenance lointaine, le liquide ébène a parcouru plusieurs millions de kilomètres avant d’atterrir dans nos tasses en porcelaine. Voici quelques pistes pour réussir à se sevrer de la boisson énergisante, ou du moins, limiter sa consommation. Réduire son empreinte carbone peut démarrer au saut du lit !

Ah, le café. Difficile de passer à côté. Au petit-déjeuner, à la pause de 11 heures ou après le repas du midi, la boisson chaude a le don de booster les esprits fatigués. Selon la définition qu’en donne Wikipédia, le café jouerait aussi dans la cour des boissons psychotropes. Une des raisons qui explique peut-être pourquoi il est si difficile de s’en passer, une fois qu’on y a goûté. Pourtant, vous auriez tout intérêt à limiter votre consommation de café. D’une part pour réduire votre empreinte carbone (ce n’est un secret pour personne, le café ne se cultive pas en Europe), d’une autre pour vous sentir mieux dans vos baskets, sans dépendre de votre cafetière !

Le café, une boisson torréfiée qui vient de (très) loin

Le café s’obtient à partir des graines torréfiées du caféier (coffea, en botanique), un arbuste originaire des régions tropicales. L’espèce de caféier la plus cultivée est sans aucun doute le coffea arabica (environ 75% de la production mondiale), qui est aussi la variété exploitée la plus ancienne. La culture du café se fait dans les pays au climat tropical comme l’Afrique, l’Amérique du Sud et certaines régions d’Asie. Aujourd’hui, les principaux producteurs de café sont le Brésil et la Colombie, mais aussi le Viêt Nam, le Kenya et la Côte d’Ivoire. Sans oublier l’Éthiopie. Rien de très local, vous l’aurez compris.

Les origines du café

On dit que le café aurait été découvert par un berger éthiopien, remarquant l’effet stimulant du caféier sur ses chèvres. Une autre version de la légende rapporte que ce même berger aurait remarqué l’arôme torréfié en humant les vapeurs d’une branche de l’arbuste tombée accidentellement dans son poêle. Légende urbaine ou faits réels, dans tous les cas, le café serait bel et bien originaire d’Éthiopie, dans la province de Kaffa. Cela dit, le café en tant que boisson pourrait remonter à la Préhistoire, transféré ensuite dans les pays d’Afrique et d’Arabie au 6e siècle.

Le café en Europe

Le café débarque en Europe en 1600, introduit par des marchands vénitiens. La boisson fait un tabac auprès des moines italiens : elle permet de veiller tout en gardant l’esprit clair. Les négociants anglais et hollandais qui avaient découvert le café lors de leurs voyages en Orient le font à leur tour découvrir à leurs compatriotes. En France, on accueille le café en 1644. On doit son importation dans nos contrées au négociant Pierre de la Roque, qui ramène à Marseille, des balles de café originaires d’Égypte. L’année 1669 marque la consécration de la boisson dans la capitale, et la création des fameux « cafés » français.

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©Milo Miloezger/Unsplash

Les Français, plus gros consommateurs de café en capsules

Si les plus grands consommateurs de café au monde sont, étrangement, les Finlandais (12 kg/an), les Français seraient eux les premiers consommateurs de café en capsules ou en dosettes (environ 5 kg de café par an). Cette première place au classement vaut aussi une mauvaise note en matière de zéro déchet… En plus de mobiliser des ressources en mer, sur terre ou en l’air pour se faire acheminer, le café en capsules constitue un facteur de pollution conséquent. Bien que certaines marques acceptent le retour de leurs dosettes, la plupart du temps, ces capsules hybrides mi-plastique, mi-alu sont à usage unique. Et niveau recyclage, rien de très exemplaire : seules 500 villes de France recycleraient leurs capsules vides. La cafetière à l’italienne apparaît alors comme essentielle pour remporter la guerre contre les déchets !

Quels sont les effets du café sur le corps ? La boisson énergisante l’est-elle vraiment ?

Meilleure concentration, coup de fouet, vigilance renforcée… Les effets du café sur le corps et l’esprit semblent avoir fait leurs preuves. Mais attention, cet état ne dure qu’un instant et la chute qui s’en suit peut s’avérer plus difficile encore ! Ces bienfaits ne sont d’ailleurs efficaces que si la boisson se consomme avec modération. Vous n’ignorez certainement pas que la caféine est susceptible de troubler votre sommeil ou d’accélérer votre rythme cardiaque, conduisant à un état de nervosité peu constructif.

Pour bénéficier de tous les bienfaits du café, il est recommandé de ne pas boire plus de 4 tasses par jour. Attention également, une consommation le matin à jeun peut entraîner des brûlures d’estomac. Chez certains consommateurs, le café a un effet laxatif, quand chez d’autres, il peut assécher le cuir chevelu ou la peau.

boire café cafetière effets empreinte carbone
©Elizaveta Kozorezova/Unsplash

Quelle est l’empreinte carbone du café et son impact environnemental ?

La forte demande de café à travers le monde a pour effet de fragiliser les cultures, déjà en péril en raison du réchauffement climatique. La plupart des producteurs de café utilisent en effet de nombreux intrants chimiques pour traiter leurs plantations, et ont largement recours à la monoculture, une pratique agricole qui appauvrit les sols. Sans compter la déforestation croissante et le transport du café depuis son pays de production jusqu’à nos cafetières.

Une étude de 2013 s’est essayée à chiffrer l’impact environnemental d’un kilo de café (produit au Costa Rica et consommé en Europe). Résultat des courses ? L’empreinte carbone du café représenterait 4,98 kg de CO2 par kg de café avant torréfaction. Soit 1,93 kg de CO2 pour la production et le transport, et 3,05 kilos de CO2 en Europe. Le fonctionnement de la cafetière a également été pris en compte.

La filière du café tel qu’on le connaît aujourd’hui s’avère donc peu durable et il serait préférable, jusqu’à trouver une autre solution, d’en limiter sa consommation, ou de le remplacer par une boisson aux vertus similaires ou proches. Ça tombe bien, nous avons sélectionné ci-dessous, quelques alternatives au café de Colombie ou d’Éthiopie !

café tasse plante matin réveil
©Madison Inouye/Unsplash

6 alternatives écologiques au café

Évidemment, le thé n’est pas la solution. À moins de faire pousser son théier chez soi, difficile d’éviter l’empreinte carbone de la plante, une fois de plus. Voici d’autres alternatives au café (ou au thé) que vous ne connaissez peut-être pas encore.

1/ Le café d’orge

Cette boisson céréalière est le parfait substitut au café pour ceux et celles qui en apprécient le goût (non les effets). Le café d’orge présente en effet une saveur se rapprochant fortement de celle du café (noisettes/pain grillé). En revanche, il est dépourvu de caféine. Cela dit, ses effets sur le corps sont tout bénéfiques : l’orge est riche en fibres et en vitamines, et participe au bon transit intestinal. Sur le plan écologique, l’orge a tout bon : la céréale est la 3e la plus cultivée en France, qui se classe ainsi au rang de 2e producteur européen.

2/ Le sarrasin torréfié (ou « sobacha »)

Le sobacha, boisson traditionnelle du Japon, n’est ni plus ni moins qu’une infusion de sarrasin torréfié. L’appellation signifie d’ailleurs « thé de sarrasin » en japonais. Ce substitut au café dévoile de puissants arômes de pain grillé qui devraient plaire aux amateurs d’expresso, de cappuccino, de ristretto & co. Comme vous le savez peut-être déjà, le « blé noir », autre nom donné à la céréale sans gluten, fait partie des bases de l’alimentation bretonne, et s’implante dans la région dès le 15e siècle, devenant, pendant plusieurs siècles, l’alimentation principale des Bretons. Tout ça pour conclure qu’elle se cultive aussi aisément dans notre pays !

3/ Le café d’épeautre

Ce café céréalier s’obtient en torréfiant les grains de l’épeautre. Là encore, pas besoin de lui faire traverser les frontières : la céréale se cultive facilement en France, où elle regagne l’intérêt des producteurs qui l’avaient délaissée pour se consacrer à la culture intensive de blé ou de maïs. D’ailleurs, il n’est pas rare de découvrir de l’épeautre (ou du petit-épeautre) dans la composition des produits bio, du fait de sa digestibilité et de ses qualités nutritionnelles. Riche en acides aminés, en calcium et en magnésium, le café d’épeautre pourrait bien être sacré boisson officielle des stressés ! L’arabica n’a qu’à bien se tenir.

4/ Une infusion de menthe poivrée

La menthe poivrée possède un parfum puissant, qui a le don de réveiller les sens. Pas de saveur torréfiée au programme de cette boisson chaude, mais plutôt un réveil olfactif (et neurologique) qui pousse à l’attention ! En décoction, la menthe poivrée peut aussi aider à la digestion et calmer les maux de ventre. Bonus : la plante se cultive facilement sur son balcon. Et quand on la laisse libre de ses mouvements en pleine terre, on la retrouve presque invasive. Tout bénef’ pour notre tasse de thé du matin !

5/ La chicorée

La chicorée est une plante herbacée bisannuelle dont les feuilles peuvent se manger en salade. En torréfiant ses racines, on obtient une boisson chaude, véritable succédané de café. En Europe, la chicorée fut largement consommée lors des périodes de crise et de pénurie. Aujourd’hui, la France serait le premier producteur de chicorée en Europe (Nord-Pas-de-Calais).

6/ Un smoothie qui booste

Le café n’est pas la seule boisson à donner de l’énergie au saut du lit. Un délicieux smoothie vert maison concocté avec des fruits frais et de saison saura tout aussi bien apporter un regain de vitalité, voire mieux encore ! Mixez dans un blender 100 g d’épinards avec 5 g de spiruline, 50 g de protéines de chanvre, une belle poignée de myrtilles et 2 cuillères à soupe de beurre de cacahuètes (découvrez notre recette express). Si vous le souhaitez, vous pouvez ajouter quelques feuilles de menthe poivrée (ou de basilic). Et voilà un délicieux smoothie vert pour démarrer la journée du bon pied, et oublier le café !

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©Jan Sedivy/Unpslah

Vous ne pouvez pas vous passer de votre tasse de café ? Consommez-le mieux !

Si le café ne se cultive pas en France, une certaine variété est pourtant originaire d’une île française. C’est d’ailleurs l’un des cafés les plus chers au monde : le Bourbon pointu, café français cultivé à La Réunion. Son prix s’explique aussi par la rareté de ses plantes endémiques. Mais force est de constater que ce café d’exception n’est pas accessible à toutes les bourses… Si vous ne pouvez pas vous passer de votre café habituel, essayez au moins de prendre de meilleures habitudes de consommation.

Partez à la recherche des labels éthiques

Vous n’arrivez pas à vous passer de votre petit noir matinal ? Bonne nouvelle, la filière du café tend à évoluer vers un avenir plus durable. Au lieu d’acheter votre café en supermarché, pourquoi ne pas fouler le sol des petites boutiques de torréfacteurs indépendants ? Souvent, leurs grains de café sont issus du commerce équitable. Partez à la recherche des labels éthiques (Max Havelaar, SPP, Ecocert, Lobodis…) et privilégiez le bio dès que cela vous est possible. Le café issu de l’agriculture biologique provient généralement de cultures durables qui tendent à limiter la déforestation. Le café équitable, lui, garantit une augmentation du prix que touchent les producteurs locaux par kilo et le respect des travailleurs.

Privilégiez le café en vrac

Le café en vrac est très facile à trouver, et n’est pas uniquement réservé aux boutiques zéro déchet. Les petits torréfacteurs proposent des grains de café en vrac, à moudre sur place. Comme vous le savez, acheter en vrac permet aussi de réduire son empreinte carbone en évitant les déchets.

Un café bio et équitable ramené en France à la voile

Depuis 2010, la petite entreprise bretonne Grain de Sail cherche à rendre la filière du café plus durable. Son idée ? Commercialiser du café (et du cacao) bio et équitable acheminé par voilier, un moyen de transport 100% écologique. Après avoir consolidé son modèle économique, la marque s’est lancée dans la construction d’un voilier cargo dont le but est de « décarboner » le transport des marchandises maritimes. C’est dans le courant de l’année 2020 que cet énorme bateau à voile sera exploité. À raison de 2 fois par an, l’embarcation écologique exportera des vins bio français aux États-Unis, et ramènera au passage une partie de ses matières premières d’Amérique du Sud. Une belle aventure et une bonne action pour Dame Nature ! Voilà qui devrait plaire aux amateurs de café concernés par leur empreinte carbone…

Et vous, êtes vous un/e grand/e buveur/se de café ? Connaissez-vous d’autres solutions et alternatives au café d’Afrique ou d’Amérique pour réduire votre empreinte carbone ? Partagez-nous vos idées et astuces zéro déchet en commentaire ! Et pour ne rien jeter, découvrez comment recycler votre marc de café dans cette astuce anti-moustique naturelle ou dans cette recette de gommage maison !

Rédigé par Margaux Blanc, experte zéro déchet

Bretonne de cœur et de sang, je suis particulièrement sensible à l'environnement, partageant mon temps entre la montagne et l'océan. Des paysages de toute beauté qui forcent au respect. Depuis 2016, j'ai adopté un mode de vie (presque) zéro déchet, pour le plus grand plaisir de mon porte-monnaie ! En espérant que mes recettes et tutoriels éthiques, écologiques et économiques vous permettent de réduire vos déchets du quotidien, tout en vous évitant les dépenses inutiles.

5 Comments

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  1. Le transport est généralement une part insignifiante du bilan carbone des aliments même lointains car les bateaux sont très efficaces en gCO2/km/t transportée. En revanche les camions ici en france te nos voitures pour aller faire les courses sont très impactants (vélo! et achat en gros!). C’est une erreur courante de croire que le transport lointain est très important alors qu c’est en fait la façon de cultiver et les camions qui sont l’essentiel de la polution. En moyenne le transport est 6% de l’impact climat de l’alimentation en France et l’emballage seulement 3% donc même remarque sur le vrac qui est très secondaire par rapport au contenu. Bref réduire la viande/laitier/oeufs est un vrai gain mais les baratins sans chiffres ne nous mèneront pas bien loin !

    L’exemple de café industriel du costa rica avec intrants chimiques et sans foret ombragère est une caricature de café. C’est comme si o prenait des tomates sou serres chauffée en hors sol avec pesticides…

    Je serait plutot intéressé par le bilan carbone d’un café de culture forestière et bio comme il se fait beaucoup dans les café de spécialité (cad de qualité). Cela est un exemple d’garoforstrie tropicale avec des sols qui stockent beaucoup de carbone et des arbres fruitiers donc un système agricole loin d’être stupide coté CO2 !

    J’ai gouté plusieurs des alternatives elle sont simplement imbuvable après du café de qualité, juste un gout de cramé amer et honteusement appelé « torréfié ».. L’effet de la caféine/théine est archi prouvé don le baratin spiruline et menthe merci bien ….

    écologiquement votre

    • Bonjour Michel, merci de votre lecture et de votre commentaire très intéressant et enrichissant. Vous avez tout à fait raison sur le transport en camion, les poids-lourds représentent une très grosse partie de la pollution ! C’est aussi à nous de consommer de façon raisonnable et locale, de sorte à les limiter. Et finalement, pour aller plus loin dans la démarche, on pourrait aussi se poser la question suivante : A-t-on vraiment besoin de boire du café ? ^^;) Belle journée

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