Une tournée de lave-vaisselle et on repose tout sur la table. Seriez-vous prêt(e) à faire ce geste quotidien avec des couverts en plastique ? Si cette interprétation très premier degré ne manque pas de faire sourire (jaune), elle met en revanche en évidence la difficulté qu’ont certains à s’adapter à la législation.
Des assiettes en plastique au lave-vaisselle ?
Du jetable au réutilisable, il n’y a vraisemblablement qu’un pas, qu’ont osé franchir certaines marques. C’est notamment ce qu’a mis en évidence l’association Zero Waste France en ce début de mois. En effet, des enseignes continuent de vendre des couverts et assiettes en plastique à usage unique en apposant la mention « réutilisable » sur les emballages…
Pour justifier ce changement, les fabricants affirment que ces articles résistent à 20 passages au lave-vaisselle. C’est en effet ce que stipulait un document publié par le Ministère de l’Environnement en 2017 pour aider les marques à passer le cap de la réduction plastique. Précisons que sa valeur juridique est nulle.
Le collectif Zero Waste France a souhaité dénoncer l’hypocrisie des vendeurs en appliquant leurs indications à la lettre. « Résultat : dès le premier lavage, les assiettes ressortent légèrement déformées et cabossées. Après moins de 10 utilisations, la plupart étaient fendues ou avaient pris la couleur et les traces de gras des aliments qu’elles avaient contenu », affirme Laura Châtel, responsable du plaidoyer de l’association.
Des entreprises comme @CarrefourFrance contournent l’interdiction de vendre de la vaisselle jetable en plastique en apposant la mention “réutilisable” #OnLaissePasPasser. Aidez @zerowastefr à faire stopper la production et la vente de ces produits : https://t.co/hJiSO1YrLi pic.twitter.com/Xfm0Rf7PyU
— Zero Waste France (@ZeroWasteFR) February 13, 2020
Petit rappel de la loi
Ce contournement juridique grossier ne trompe pas son monde. Il s’agit bien là d’une manière pour ces entreprises de gagner du temps, voire de faire du green washing. Et c’est ce qu’on peut appeler l’ironie du sort : quand les grandes surfaces au pied du mur apposent la mention « réutilisable » sur un article qu’elles pouvaient vendre en nombre auparavant. Certains sites internet sont aussi concernés par la supercherie.
Pour rappel, la vente de plastiques à usage unique type touillettes et assiettes sera bannie en 2021. Ce tour de passe-passe est donc un peu gros, mais ne risque pas de durer bien longtemps. L’association fait notamment appel aux citoyens pour dénoncer ces pratiques sous le hashtag #onlaissepaspasser.
D’autre part, le cabinet de la Secrétaire d’État Brune Poirson a indiqué que la mention « réutilisable » sera redéfinie par un décret pour éviter ce genre de subterfuge. Il assure aussi que les responsables de ce type de supercherie « se feront forcément rattraper par la patrouille ». On ne peut que l’espérer !