Le gel hydroalcoolique n’est pas toujours une solution : d’une efficacité limitée dans le temps, il est aussi très polluant du fait de son emballage et de certains de ses composants. Son explosion commerciale a fait considérablement augmenter la production de plastique ces derniers mois, et il n’est pas rare, à l’instar des masques jetables, de rencontrer des échantillons de solutions vides au bord des routes… Revenons à ce bon vieux savon !
La crise sanitaire du coronavirus (Covid-19) a bouleversé nos habitudes. Le masque est devenu un incontournable, au travail comme à la ville, en soirée ou au cinéma. Le gel hydroalcoolique a lui aussi bénéficié d’une publicité sans précédent. S’il est plutôt facile de fabriquer son masque barrière zéro déchet (la preuve dans notre tuto couture), en revanche, pour le gel c’est une autre histoire. Il existe bien quelques recettes plus ou moins naturelles sur la Toile, mais nombreux/ses sont ceux et celles qui préfèrent l’acheter tout fait en pharmacie, si ce n’est se le voir fournir par leur entreprise. Le hic, c’est que ces solutions hydroalcooliques sont exclusivement vendues dans des flacons en plastique…
L’explosion des ventes de solutions hydroalcooliques profite à l’industrie du plastique
Si le confinement en réponse à la crise sanitaire a pu être bénéfique pour l’environnement, en revanche, le coronavirus a aussi marqué le grand retour du plastique. Alors que les lois françaises et européennes sur le plastique à usage unique (notamment la loi sur la biodiversité en vigueur depuis le 1er janvier) évoluaient dans le bon sens, le Covid-19 semblerait bien avoir fait reculer ces progrès, la fabrication de plastique reprenant de plus belle. Les flacons de gels hydroalcooliques envahissant les poches de nos vêtements, et générant une grande quantité de déchets, pas toujours recyclés. Mais les flacons de gel ne sont pas les seuls sur le banc des accusés. Les masques chirurgicaux et les gants en plastique jetés au sol sont autant de déchets qui finiront dans les océans. Ces matières polluantes demanderont plus de 400 ans avant de se dégrader… Face à ce constat environnemental, les 300 euros d’amende pour un masque jeté par terre n’est pas du luxe.
Pour éviter les flacons à usage unique et la prolifération du plastique, certaines boutiques zéro déchet commencent à commercialiser du gel hydroalcoolique en vrac. Si cette nouvelle est plutôt bonne, le gel n’est pas forcément la solution. Car sa composition n’est pas toujours très clean.
Le gel hydroalcoolique n’est pas une solution
Bien que produit désinfectant biocide (qui détruit les organismes nuisibles par action chimique), le gel hydroalcoolique ne nettoie pas les mains, il ne fait que les désinfecter. Certes, la barrière est mince entre ces deux termes, mais force est de constater que le gel n’agit pas de la même façon que le savon. Les principaux composants des solutions hydroalcooliques, nécessaires à éliminer les bactéries responsables des virus, sont :
- de l’alcool (en général de l’éthanol à 96%. Les types d’alcool issus de l’industrie pétrochimique sont les plus abordables, et aussi les plus largement utilisés. Cela dit, ils peuvent aussi s’obtenir naturellement par fermentation de plantes. Ce sont alors des bioéthanols.
- du peroxyde d’hydrogène (autre nom donné à l’eau oxygénée).
- de la glycérine ou autre agent adoucissant pour la peau.
- Un gélifiant éventuel (pour obtenir la mention « gel »), souvent issu de l’industrie du pétrole.
Le gel hydroalcoolique a une date de péremption
Contrairement au savon qui n’a pas peur de prendre des rides, le gel ou la solution hydroalcoolique présente une date de péremption. Eh oui, malgré la présence d’alcool, sa durée d’efficacité ne dépasserait pas les trois mois… De quoi reconsidérer ce bon vieux pain de savon ! En plus, étrangement, les gels contenant plus de 80% d’alcool seraient moins efficaces que les solutions contenant entre 60 et 80% d’alcool. Pourquoi ? Parce que l’alcool demande de l’eau pour venir à bout des bactéries.
Au passage, sachez que pour que l’action de votre gel hydroalcoolique soit efficace, il faut s’en frictionner sur mains sèches pendant une durée d’au moins trente secondes (sans oublier les ongles).
Privilégions le bloc de savon !
Le savon n’a rien à envier au gel hydroalcoolique. S’il est utilisé dans les règles de l’art, le pain de savon fait aussi bien le boulot. En plus de nettoyer les mains, contrairement au gel qui ne fait que les désinfecter. Et il faut avouer qu’un lavage au savon solide est tout de même plus agréable qu’une désinfection sans rinçage. N’avez vous jamais constaté cet effet collant qui persiste sur vos mains après utilisation ? Bien sûr, quand on ne dispose pas de point d’eau, difficile de dégainer son bloc de savon de Marseille… Dans tous les cas, si vous avez le choix, privilégiez le savon pour éviter à votre peau le dessèchement, préserver votre santé et celle de la planète : certaines études ont décelé du bisphénol A et du triclosan dans plusieurs flacons de solutions hydroalcooliques disponibles à la vente…
Vous l’aurez compris, le gel, c’est bien quand on n’a rien (et mieux encore quand il est à base de bioéthanol et de composants non issus de l’industrie pétrolière), mais le savon, c’est lui qui a tout bon ! Pour préserver la planète (et votre santé), essayez donc d’utiliser votre solution hydroalcoolique à titre exceptionnel, si vous n’avez pas accès à de l’eau et du savon.
Le saviez-vous ?
Malgré ce qu’on pourrait penser, le gel hydroalcoolique ne date pas d’hier !
La petite histoire du gel hydroalcoolique
La fameuse solution hydroalcoolique n’est pas née de la dernière pluie. Son plus lointain ancêtre remonterait à l’année 1847. À cette époque, la préparation était fabriquée à base d’hypochlorite de calcium, un désinfectant notoire, mais aussi très irritant pour la peau (et les vêtements). Ce serait le médecin viennois Ignace Philippe Semmelweis qui aurait été à l’origine de la solution, et par extension, des premières mesures de désinfection des mains en milieu médical.
Plus tard, en 1960, Peter Kalmar, un jeune interne allemand, soulève le problème de la stérilisation. Il propose alors, en étroite collaboration avec un chimiste, de fabriquer une solution qu’on puisse appliquer directement sur les mains à l’aide d’un distributeur. En 1965, le premier gel hydroalcoolique était né (sous le nom de sterillium).
Dix ans plus tard, le médecin suisse William Griffiths met au point une solution hydroalcoolique à base de chlorhexidine et d’alcool isopropylique qui fait son entrée dans les hôpitaux de Genève en 1979. Mais c’est en 1995 que le médecin suisse Didier Pittet rend populaire la solution hydroalcoolique telle qu’on la connaît auprès de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé).
Et vous, à quelle fréquence utilisez-vous une solution hydroalcoolique pour désinfecter vos mains au quotidien ? Avez-vous déjà essayé de fabriquer votre propre gel hydroalcoolique pour éviter les emballages en plastique ? Partagez-nous votre expérience et vos recettes zéro déchet en commentaire !
Merci à la newsletter durable Lundi Carotte pour ses informations éclairées sur le sujet.