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L’ortie n’est pas celle que vous croyez : voici pourquoi vous ne devriez jamais l’arracher

Au premier abord, l’ortie n’a rien pour plaire. Piquante, envahissante, rebelle… elle est la bête noire des promeneurs en short et le cauchemar des jardiniers trop pressés, poussant là où on ne veut pas, piquant là où ça fait mal, et semblant s’obstiner à exister coûte que coûte. Résultat : on l’arrache, on la méprise, on l’associe à la négligence et aux terrains mal entretenus. Mais sous ses airs revêches, l’ortie cache une personnalité bien plus précieuse qu’on ne l’imagine.

Aliment, soin, engrais, abri pour la biodiversité… cette soi-disant mauvaise herbe n’en est pas vraiment une. Bien au contraire, c’est une bénédiction pour qui prend le temps de l’observer, de la comprendre et de l’utiliser à bon escient. Voici pourquoi elle mérite une toute autre place dans les esprits… et dans les jardins.

Une plante médicinale redoutable

On l’oublie trop souvent : l’ortie est l’une des plantes médicinales les plus puissantes d’Europe. Utilisée depuis l’Antiquité, elle regorge de vertus pour la santé. Feuilles, racines, tiges… tout est bon, ou presque.

Riche en fer, en calcium, en magnésium, en vitamine C et en protéines, l’ortie nourrit, renforce et détoxifie. En tisane, elle stimule les reins et le foie. En soupe, elle revitalise les organismes fatigués. En poudre, elle s’ajoute aux smoothies pour un effet “booster” naturel.

Elle est aussi anti-inflammatoire, reminéralisante, dépurative. Certains l’utilisent même en usage externe, en cataplasme ou en lotion, pour soulager les douleurs articulaires ou les affections cutanées. Une vraie pharmacie en feuilles, à deux pas de la maison, gratuite, bio, et toujours disponible.

Un trésor pour le potager

Les jardiniers qui connaissent bien l’ortie ne l’arrachent jamais. Mieux : ils la cultivent. Car cette plante, que beaucoup considèrent comme une intruse, est en réalité un pilier du jardin naturel.

En macération, elle devient un purin redoutablement efficace : engrais naturel, stimulateur de croissance et insectifuge tout-en-un. Riche en azote, le purin d’ortie booste la croissance des légumes, renforce la résistance des plantes, et éloigne certains parasites.

Les tiges d’ortie broyées peuvent aussi être ajoutées directement au compost, pour accélérer la décomposition et enrichir le mélange. Quant aux feuilles fraîches, elles peuvent être placées au fond des trous de plantation pour nourrir les racines.

Enfin, sa simple présence attire les coccinelles, qui viennent y pondre, et repousse les pucerons de manière naturelle. Une gardienne du potager, piquante mais bienveillante.

Un refuge indispensable pour la biodiversité

Ce que beaucoup ignorent, c’est que l’ortie abrite la vie. Littéralement. Plus de 40 espèces de papillons en dépendent pour leur reproduction. Les chenilles s’y installent, s’y nourrissent, s’y transforment.

Certaines espèces menacées, comme le vulcain ou la petite tortue, pondent exclusivement sur les orties. Les oiseaux insectivores y trouvent donc leur garde-manger. Et les hérissons, petits mammifères ou crapauds y trouvent un abri discret.

Arracher les orties, c’est donc rompre une chaîne précieuse dans l’écosystème local. En conserver une touffe dans un coin du jardin, à l’écart, c’est offrir une oasis de biodiversité… sans le moindre effort.

Et puis, c’est une belle leçon d’équilibre : derrière l’apparente agressivité de l’ortie, la vie se niche, fragile et précieuse.

Une plante comestible, nourrissante et savoureuse

Oui, l’ortie se mange. Et pas juste par des druides en sandales. Cueillie jeune, avant la floraison, elle offre une saveur végétale intense, proche de l’épinard, avec une pointe plus corsée.

Elle se cuisine en soupe, en quiche, en pesto, en cake salé. Certains en font même des gnocchis, des lasagnes, ou des galettes végétariennes. Une fois cuite, elle ne pique plus : la chaleur neutralise les poils urticants.

Et côté nutrition, c’est une bombe. Plus de protéines que le soja à poids égal, plus de fer que les épinards, plus de calcium que le lait. Les sportifs, les végétariens ou les personnes carencées y trouvent une source naturelle de vitalité.

De plus en plus de chefs la remettent à l’honneur dans des assiettes créatives. Comme quoi, de la haie au menu, il n’y a qu’un coup de ciseau bien placé.

Une fibre textile méconnue… et ultra durable !

Moins connue que ses vertus médicinales ou culinaires, la fibre d’ortie fut longtemps utilisée pour fabriquer du tissu. Avant l’essor du coton, elle était récoltée, filée et tissée en vêtements, en cordes ou en sacs.

Résistante, souple, respirante, la fibre d’ortie est un textile d’avenir pour ceux qui cherchent des alternatives écologiques au coton (gourmand en eau et en pesticides). Des marques redécouvrent aujourd’hui ce fil naturel oublié, plus éthique et local.

Cultivée sans engrais ni traitement, l’ortie pousse partout, même sur sols pauvres. Elle n’a besoin que d’un peu d’espace et de patience pour devenir un matériau écologique et renouvelable. Le genre de trésor que le plastique ne remplacera jamais.

L’ortie, vue sous un nouvel angle

Bien sûr, l’ortie ne se laisse pas dompter facilement. Elle pique, elle colonise, elle pousse là où le jardinier aurait voulu planter autre chose. Mais avec un peu d’astuce, elle peut être maîtrisée sans être éradiquée.

Il suffit de lui réserver un coin : un talus, une bordure sauvage, un fond de potager. Là, elle fera son œuvre : nourrir, soigner, protéger, abriter. Et elle offrira bien plus que ce qu’elle prend.

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Finalement, ce n’est pas l’ortie qu’il faut changer. C’est le regard qu’on porte sur elle. Apprendre à vivre avec, à l’apprivoiser, à l’utiliser intelligemment… c’est une petite révolution verte, silencieuse, mais pleine de promesses. Il suffit de se baisser, de l’observer, de ne pas l’arracher. Et de découvrir tout ce qu’elle a à offrir.

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Rédigé par Sylvain, expert nature & animaux

Passionné par la faune et la flore sauvage dès mon plus jeune âge, je me suis naturellement tourné vers un métier ayant à coeur la protection de la nature et des animaux. Également fasciné par le ciel et les astres, je suis capable de rester des heures à contempler la voûte céleste, campé en plein coeur d'un écrin de verdure, de préférence en montagne, environnement qui me touche particulièrement.

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