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Les toilettes sèches, une solution durable pour économiser l’eau potable

toilettes sèches compostage
©Capture vidéo : Offgrid jungle life: How we made a composting toilet, Freelee The BananaGirl/YouTube

Les toilettes sèches ne datent pas d’hier. En Suède, elles apparaissent peu avant la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui complètement entrées dans les mœurs du pays*. En France, ce genre de WC est majoritairement représenté dans les festivals et autres événements publics. En revanche, ces toilettes écologiques sont quasiment absentes des maisons et appartements, même nouvelle génération ou basse consommation… Alors, pourquoi bouder ces WC écolos ? Retour sur le sujet.

Les toilettes sèches, aussi appelées toilettes à compost ou toilettes à litière biomaîtrisée, sont des toilettes qui n’utilisent pas d’eau. En plus des économies réalisées, l’intérêt écologique de ce type de sanitaires est de récupérer les excréments pour en faire du compost, de l’engrais ou de la biométhanisation.

*La commune de Tanum, au sud du pays, ne délivre plus de permis de construire si la maison ne prévoit pas de toilettes sèches. 

Les toilettes sèches contre le gaspillage d’eau potable

Dans la plupart des urbanisations occidentales, environ 40% de l’eau potable passe par les égouts. La fosse septique, quant à elle, s’utilise plus couramment en zone rurale. En plus d’éviter le gaspillage d’eau, les toilettes sèches permettent de revaloriser les matières fécales habituellement rejetées dans les égouts. Le gaspillage n’est donc pas négligeable : en plus du traitement des eaux usées en station d’épuration, une chasse tirée équivaut à 5 à 10 litres d’eau potable

désodorisant WC recette
©Unsplash

Revaloriser ses excréments à la manière d’un composteur

À la manière d’un compost, les toilettes sèches permettent de revaloriser les déjections humaines et obtenir un engrais organique nutritif de qualité. Ces excréments peuvent également participer au phénomène de biométhanisation. Ils produisent alors un biogaz, à réutiliser dans le domaine de l’électricité (chauffage & co) et/ou dans le secteur automobile (biocarburants).

Une meilleure biodégradabilité

Les selles se dégraderaient difficilement dans l’eau des WC traditionnels. Les bactéries et substances que nous rejetons nécessitent en effet un traitement plus long. À titre d’exemple, l’urine et les matières fécales libèrent de grandes quantités de phosphore et d’azote dans l’eau, mettant en péril les organismes aquatiques via le phénomène d’eutrophisation.

Chaque chasse tirée augmente ainsi la charge des stations d’épuration, qui pourraient pourtant se voir allégées via l’utilisation de toilettes sèches.

toilettes sèches compostage
©Capture vidéo : Offgrid jungle life: How we made a composting toilet, Freelee The BananaGirl/YouTube

Comment fonctionnent les toilettes sèches ?

Trois types de toilettes sèches existent :

1/ Les toilettes sèches à sciure de bois

Ce type de toilettes sèches peu coûteux est aussi le plus facile à mettre en place. Non polluant, il respecte l’environnement en générant un compost riche pour le jardin. À condition de contrôler l’origine de la sciure et s’assurer qu’elle est 100% naturelle et biodégradable.

Comment ça marche ?

La méthode consiste à mélanger les selles et les urines à des copeaux de bois ou de la sciure de sorte à obtenir un bon équilibre carbone/azote permettant de démarrer la décomposition naturelle. En général, les toilettes à copeaux ne sentent pas mauvais. Du moins s’il n’y a pas d’excès de liquide.

En bref, vous déposez votre commission depuis le trône, puis la couvrez d’une bonne louche de copeaux, à la manière d’un compost japonais (ou bokashi). Pour l’urine, on saupoudre la sciure généralement avant, pour permettre à l’eau de se faire absorber en surface.

toilettes sèches copeaux sciure bois
©Capture vidéo : Des TOILETTES écologiques : Toilette sèche ou douchette ?, Edeni/YouTube

2/ Les toilettes sèches à séparation d’urine

Comme son nom l’indique, ce modèle de toilettes sépare l’urine des selles. Ce système, proche des toilettes à eau, a pour effet d’accélérer la déshydratation des déjections, en plus d’éliminer la grande majorité des odeurs. Les excréments peuvent alors soit être déshydratés, soit se composter. L’urine en revanche, doit être traitée de manière spécifique, mais peut aussi se revaloriser directement en tant qu’engrais agricole.

Lorsqu’elles sont sèches, les matières fécales sont réduites d’environ 80% en poids et en volume. Plus techniques à mettre en place que les toilettes à sciure de bois, ces sanitaires nécessitent en effet de relier les urines aux eaux grises de la maison.

séparation urine toilettes sèches
©Capture vidéo : Des TOILETTES écologiques : Toilette sèche ou douchette ?, Edeni/YouTube

3/ Les toilettes sèches associées au lombricompost

Ce type de toilettes écologiques sans raccordement permet aux vers du fumier de transformer rapidement et efficacement les excréments de manière à les réduire de moins d’un tiers de leur volume initial. La matière organique, obtenue par oxydation, permet de régénérer les sols tout en favorisant la rétention d’eau. Comme pour les toilettes à séparation, ce type de WC nécessite de séparer l’urine des autres déjections.

Avantages pratiques des toilettes sèches

En plus des économies d’eau potable non négligeables et la préservation des ressources naturelles, les toilettes sèches permettent de réduire le bruit provoqué par une chasse. Ce type de sanitaire évite également le risque de gel des canalisations en cas de grand froid. Enfin, un des plus gros avantages de ces toilettes sans eau serait de régler les épidémies dans certains pays en voie de développement, qui utilisent encore des latrines contaminant les nappes phréatiques.

Qu’en est-il du papier toilette ?

Le papier toilette, s’il n’est pas traité ou blanchi, peut tout à fait être composté en même temps que les excréments. Aujourd’hui, il est relativement facile de trouver des rouleaux en vrac, sans emballage plastique.

Et vous, que pensez-vous des toilettes sèches ? En avez-vous déjà utilisées ? Partagez-nous votre avis zéro déchet en commentaire !

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Rédigé par Margaux Blanc, experte zéro déchet

Bretonne de cœur et de sang, je suis particulièrement sensible à l'environnement, partageant mon temps entre la montagne et l'océan. Des paysages de toute beauté qui forcent au respect. Depuis 2016, j'ai adopté un mode de vie (presque) zéro déchet, pour le plus grand plaisir de mon porte-monnaie ! En espérant que mes recettes et tutoriels éthiques, écologiques et économiques vous permettent de réduire vos déchets du quotidien, tout en vous évitant les dépenses inutiles.

2 Comments

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  1. C’est simple, pas de compostage pas de TS, ça va de paire.
    Votre mairie dit juste. Du coup que dit votre agglomération de commune?
    Chez moi en Guyane on peut déclarer ce système sous un minimum de conditions. Il faut quand même s’assurer d’avoir une scierie pas trop loin de chez soi.

  2. J’adorerai avoir des toilettes sèches, c’était prévu même. Mais que fait-on des déjections séchées si l’on ne peut pas faire un compost dans son jardin? J’ai un mini jardin, qui ne pourra pas gérer ces quantités. J’ai demandé à ma ville qui m’a dit de voir avec l’agglomération car la gestion des déchets est gérée par l’agglomération. Interdiction de jeter dans les poubelles, mais ça on le sait. Et aucun lieu de récupération possible, aucun accord avec les espaces verts, aucun accord avec les agriculteurs. Rien pour récupérer les déchets. Donc pas de toilettes sèches. Je n’ai pas trouvé de solution. J’espère qu’avec le temps on pourra répondre à cette problématique.

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