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Voici pourquoi le vrac ne suffit plus à sauver la planète

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Le vrac est souvent considéré, à raison, comme un remède miracle contre la pollution plastique et la surconsommation. Acheter en vrac est presque devenu un acte militant. Mais voilà : aujourd’hui, le zéro déchet ne fait plus le poids face à l’urgence climatique. Et même si cette démarche reste précieuse, elle est loin d’être suffisante.

Le vrac, un (très) bon début… mais à compléter

Le vrac repose sur un principe simple : réduire les emballages à usage unique, notamment le plastique, en permettant aux consommateurs d’acheter leurs produits dans des contenants réutilisables. L’idée est séduisante, et a fait ses preuves pour limiter les déchets domestiques. Pourtant, le vrac ne s’attaque qu’à une infime partie du problème écologique global.

D’abord, la majorité des produits vendus en vrac restent des produits transformés ou secs : pâtes, céréales, légumineuses, fruits secs… Or, ces denrées ne représentent qu’une portion de l’alimentation quotidienne. Une grande partie des produits frais, des plats préparés ou des produits surgelés continuent à être emballés dans du plastique ou d’autres matériaux polluants. Résultat : même avec une démarche 100 % vrac, l’empreinte écologique globale reste élevée, à moins bien sûr de cuisiner à côté (solution simple, écologique et économique).

Autre limite : l’approvisionnement en vrac n’est pas toujours local. Acheter du quinoa en vrac venant de l’autre bout du monde reste moins vertueux qu’un légume de saison acheté en circuit court, même s’il se présente sous emballage. L’impact du transport, souvent oublié, alourdit le bilan carbone.

Une consommation qui reste surabondante

Acheter en vrac ne signifie pas consommer mieux. Bien au contraire, le vrac peut donner une illusion de vertu et pousser à la surconsommation. Parce qu’un produit est vendu sans emballage, il semble plus « éthique », plus écologique. Mais la tentation est grande de remplir les bocaux à ras bord, quitte à acheter plus que nécessaire.

Par ailleurs, le vrac n’inclut pas la dimension de sobriété. Ce mot qui fait grincer des dents est pourtant essentiel. Réduire son empreinte écologique ne passe pas seulement par un changement de contenant, mais par un changement profond des habitudes de consommation : acheter moins, cuisiner plus, manger moins de viande, limiter les gadgets inutiles… Autant de gestes qui ont un impact aussi significatif que se sevrer du plastique.

Quelle est l’empreinte environnementale des magasins qui proposent du vrac ?

Derrière leurs beaux silos en inox et leurs étagères de bocaux en verre, les boutiques zéro déchet et autres magasins proposant du vrac ne sont pas exempts de polluer (même s’il vaut mieux évidemment les préférer aux supermarchés, et de loin !). L’approvisionnement en vrac génère aussi des emballages : les produits arrivent souvent dans des sacs en plastique industriels ou des contenants à usage unique. Certes, ces contenants sont de plus gros volume, donc moins nombreux, mais ils ne disparaissent pas pour autant.

Il faut également souligner les coûts énergétiques liés à l’entretien, à la propreté, à la logistique et au stockage. Le vrac demande une rotation régulière des produits, un contrôle sanitaire strict et une hygiène impeccable. Ces exigences, bien qu’indispensables, alourdissent malheureusement l’empreinte écologique du système.

Sans oublier que certains magasins, en essayant de séduire une clientèle plus large, s’embourbent dans une logique marketing de greenwashing, où l’expérience client prime parfois sur l’impact réel. C’est notamment le cas des grandes surfaces qui se mettent au vrac en proposant certes de réduire les emballages, mais à coup de produits à l’origine lointaine et aux prix plus élevés que ceux des articles emballés (alors que ça devrait être tout le contraire).

L’accessibilité, un frein majeur

Aujourd’hui, le vrac reste inaccessible pour une bonne partie de la population. Même s’il s’avère plus économique, il nécessite du temps, de l’organisation, et surtout des magasins spécialisés à proximité. Or, tout le monde n’a pas le luxe d’habiter en centre-ville ou d’avoir un emploi du temps flexible.

Le vrac est encore malheureusement associé à une consommation de niche, réservée à une petite partie de la population seulement. Une fracture sociale qui renforce les inégalités face aux enjeux écologiques.

L’urgence climatique demande des solutions systémiques

Bien que le vrac agisse sur la pollution plastique, ce mode de consommation vertueux doit être complété par d’autres solutions pour répondre aux enjeux climatiques actuels, notamment un changement des modes de production, de transport, d’énergie ou encore d’urbanisme.

Une transition radicale vers un modèle économique sobre, circulaire et solidaire dans lequel il faudra repenser repenser l’agriculture, taxer les pollueurs, réguler les industries, investir dans le train plutôt que l’avion, revoir la fiscalité des énergies, relocaliser la production alimentaire…

Cela signifie aussi que les efforts citoyens doivent être soutenus par des infrastructures : composts collectifs, circuits courts, cantines durables, transports propres, alimentation sans pesticides, législation anti-gaspillage… Le changement ne peut pas reposer uniquement sur les épaules des consommateurs.

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©Space_Cat/iStock

Le vrac est un bon point de départ. Mais pour faire vraiment la différence, il faut poursuivre les efforts.

Rédigé par Margaux, experte zéro déchet

Bretonne de cœur et de sang, je suis particulièrement sensible à l'environnement, partageant mon temps entre la montagne et l'océan. Des paysages de toute beauté qui forcent au respect. Depuis 2016, j'ai adopté un mode de vie (presque) zéro déchet, pour le plus grand plaisir de mon porte-monnaie ! En espérant que mes recettes et tutoriels éthiques, écologiques et économiques vous permettent de réduire vos déchets du quotidien, tout en vous évitant les dépenses inutiles.

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