Le dimanche soir a toujours eu quelque chose de spécial. Entre les restes du week-end, les cartables à préparer et la fameuse petite angoisse du lundi matin, chacun a ses rituels. Mais depuis quelques années, une nouvelle habitude s’est glissée dans le décor, provoquant parfois des débats à table. Une habitude toute simple, presque banale en apparence, mais qui pourrait bien changer la donne pour la planète.
Ce petit rituel, adopté par de plus en plus de foyers français, suscite à la fois enthousiasme et résistance. D’un côté, les convaincus qui y voient une évidence écologique ; de l’autre, les réticents qui y perçoivent une corvée ou une privation. Pourtant, derrière cette pratique dominicale se cache un levier d’action puissant, à la portée de tous, et redoutablement efficace.
Alors, qu’est-ce qui peut bien opposer les membres d’une même famille tout en faisant du bien à la planète ? Enquête sur le dîner sans viande du dimanche soir.
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ToggleUne tradition qui bouscule les habitudes
Chaque dimanche soir, dans certains foyers, le menu change. Pas de rôti, pas de poulet rôti, pas même une tranche de jambon. À la place, un gratin de légumes, une soupe bien garnie, un dahl de lentilles ou une pizza maison sans produits animaux. Le principe est simple : un repas végétarien (voire vegan) pour clore la semaine.
Ce qui n’était au départ qu’un défi ponctuel ou une expérimentation devient peu à peu un rendez-vous régulier, à la fois culinaire et militant. L’idée ? Réduire l’impact écologique de la consommation de viande, sans tout bouleverser. Un seul repas, une seule fois par semaine. Mais un message clair, et un geste lourd de sens.
Et c’est là que les tensions apparaissent. Car si certains y voient une belle initiative, d’autres vivent ce changement comme une atteinte à leur confort ou à leurs traditions familiales. Une salade le dimanche soir ? Pour certains, c’est comme enlever les cloches à Pâques.
Pourquoi ce repas change-t-il vraiment la donne ?
C’est une évidence : la consommation de viande a un coût écologique considérable. Entre les ressources nécessaires pour produire un kilo de bœuf, les émissions de méthane des élevages, la déforestation liée aux cultures de soja pour l’alimentation animale… le menu carné du quotidien pèse lourd.
Selon les estimations, un repas sans viande par semaine permettrait d’éviter l’émission d’environ 100 kg de CO₂ par personne et par an. Ce n’est pas rien. À l’échelle d’une famille de quatre personnes, cela équivaut à plus de 400 kg de CO₂ évités annuellement, soit l’équivalent d’un trajet Paris-Marseille en voiture… deux fois !
Et l’impact ne s’arrête pas là. En réduisant la demande en viande, même ponctuellement, ce geste contribue à soulager les chaînes de production industrielle. Une sorte de respiration collective, silencieuse mais bien réelle.

Ce que disent les familles qui l’ont adopté
Dans la pratique, ce fameux dîner dominical sans viande s’organise de mille manières. Chez certains, il prend la forme d’un rituel convivial où chacun met la main à la pâte : les enfants préparent les légumes, les ados testent des recettes trouvées en ligne, les parents improvisent un crumble salé ou un curry doux. Un moment de partage et de transmission.
Chez d’autres, c’est plus conflictuel. Il faut parfois négocier, convaincre, expliquer. Certains membres de la famille – souvent les plus attachés à la viande – rechignent à faire le pas. Le débat tourne souvent autour du “vrai repas” contre “le repas d’accompagnement”.
Mais beaucoup racontent qu’avec le temps, les papilles s’habituent, les idées fusent, et le plaisir revient. Ce n’est pas une punition, mais une ouverture vers de nouveaux goûts. Lentilles corail, pois chiches, tofu fumé, herbes fraîches… La cuisine végétale, quand elle est bien faite, peut être un véritable terrain d’exploration.
Comment rendre ce repas incontournable (et appétissant)
Le secret de la réussite, c’est la gourmandise. Personne n’a envie de finir le week-end sur une assiette fade ou une purée tristounette. Il faut que ce repas du dimanche soir soit une fête, même sans viande.
Voici quelques idées qui reviennent souvent dans les foyers convaincus :
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Lasagnes aux légumes grillés avec béchamel végétale
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Soupe de potimarron et tartines de houmous
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Burgers maison aux galettes de lentilles, sauce moutarde et oignons caramélisés
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Pâtes aux champignons et crème d’avoine
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Tacos végétariens aux haricots noirs et avocat
Et pour les sceptiques du goût, un bon dessert fait souvent passer la pilule : crumble pomme-poire, mousse au chocolat à l’aquafaba, fondant au chocolat sans œufs. Comme quoi, on peut faire rimer végétal avec plaisir.
L’effet boule de neige sur le reste de la semaine
Ce qui commence par un petit effort dominical peut déclencher une réflexion plus large. Après quelques semaines, certaines familles décident d’ajouter un second repas végétarien en milieu de semaine. D’autres réservent les plats carnés aux grandes occasions. Petit à petit, la consommation évolue, sans contrainte excessive.
Et ce changement de rythme n’est pas sans effet sur le portefeuille. La viande est l’un des postes de dépense les plus importants dans l’alimentation. En réduisant sa fréquence, les économies se font vite sentir. À raison de deux repas par semaine sans viande, certains foyers économisent jusqu’à 400 euros par an.
Et puis, il y a le lien au vivant qui change. On découvre d’autres façons de cuisiner, d’acheter, de planifier. Le marché devient une chasse au légume de saison, les placards accueillent lentilles, pois cassés et autres trésors oubliés.
Un petit geste pour un grand impact
Finalement, ce repas du dimanche soir, aussi anodin semble-t-il, devient un symbole. Celui d’une famille qui réfléchit à sa manière de consommer. D’un choix posé, même imparfait, mais sincère. D’un effort partagé qui n’a rien d’héroïque, mais qui pèse tout de même dans la balance.

Il ne s’agit pas de convertir tout le monde ni de bannir à jamais les plats de grand-mère. Il s’agit de montrer qu’il est possible de faire autrement, à son rythme, avec plaisir. Et si une soupe de lentilles du dimanche peut sauver un bout de planète… pourquoi s’en priver ?
