Un sac poubelle qui déborde au bout de deux jours, un bac de tri toujours trop plein et une impression tenace de jeter plus que l’on ne consomme : dans la cuisine comme dans la salle de bains, les déchets du quotidien ont une fâcheuse tendance à s’inviter de manière inopinée ! Et pourtant, un geste, un seul, pourrait tout changer. Pas besoin d’investir dans une machine futuriste ou de transformer sa vie en blog écolo. Ce réflexe, à la portée de tous, permettrait de réduire jusqu’à 80% des déchets ménagers en une seule semaine.
Ce geste ? Il tient en un mot : le compostage. Trop souvent relégué au fond du jardin ou considéré comme une pratique de bobo rural, le compost mérite un sérieux coup de neuf. Car il ne s’agit pas simplement d’un moyen d’alléger sa poubelle : c’est aussi une arme anti-gaspi et un précieux allié du sol.
Pourquoi les biodéchets remplissent (inutilement) les poubelles
Avant d’adopter ce réflexe salvateur, encore faut-il savoir ce que contiennent nos poubelles. Spoiler alert : il ne s’agit pas seulement de plastique. En réalité, près de la moitié des ordures ménagères se compose de biodéchets. Épluchures, marc de café, restes de repas, coquilles d’œuf… tous ces produits organiques qui pourraient enrichir la terre finissent souvent incinérés ou enfouis.
Ces déchets humides ont en plus la fâcheuse tendance à alourdir les sacs, fermenter, sentir mauvais et rendre plus complexe le traitement global des ordures. En les compostant, on évite non seulement les mauvaises odeurs, mais on réduit aussi de façon spectaculaire le volume des déchets ménagers. Moins de sacs, moins de camions-poubelles, moins d’émissions de CO₂.
Le compostage, un retour à la logique du vivant
Composter, ce n’est pas enterrer ses déchets pour les effacer, mais recréer le cycle naturel de la matière : tout ce qui vient de la terre peut y retourner. Et, entre-temps, se transformer en un terreau fertile, riche en nutriments. Une bénédiction pour le potager, comme pour les plantes d’intérieur.
Le processus est étonnamment simple : on mélange des déchets “verts” (humides, azotés, comme les épluchures) avec des déchets “bruns” (secs, carbonés, comme les feuilles mortes ou le carton non imprimé) et la nature fait le reste. En quelques semaines ou mois, tout se transforme en compost, sans odeur si le mélange est équilibré.
Le compost s’invite aussi en ville
Longtemps cantonné aux maisons avec terrain, le compostage s’est aujourd’hui démocratisé. Les composteurs collectifs fleurissent dans les quartiers, les immeubles, les cours d’école. Certains sont même connectés à des fermes urbaines, créant un circuit court et vertueux entre habitants et cultivateurs.
Et pour ceux qui vivent dans un studio sans balcon ? Il existe des composteurs d’appartement sans odeur (le fameux composteur japonais, ou bokashi) voire des lombricomposteurs, qui utilisent les vers pour accélérer la décomposition. Même dans un 20 m², il est possible de transformer ses déchets !

Ce que l’on peut vraiment composter (et ce qu’il vaut mieux éviter)
Il suffit souvent d’un doute pour que tout parte à la poubelle. Pourtant, la liste des déchets compostables est bien plus longue qu’on ne le croit :
-
Épluchures de fruits et légumes
-
Restes de repas non carnés (et encore)
-
Coquilles d’œuf écrasées
-
Marc de café et filtres
-
Sachets de thé (sans agrafes)
-
Mouchoirs et serviettes en papier non imprimés
-
Petits morceaux de carton
-
Cheveux, ongles, plumes…
En revanche, on évite de composter de gros restes de viande ou de poisson, les produits laitiers et les denrées trop grasses. Non seulement ils ralentissent la décomposition, mais ils attirent aussi les insectes considérés comme nuisibles.
Un impact visible en à peine une semaine
La différence se fait sentir dès les premiers jours de compostage : le sac poubelle reste désespérément vide, l’humidité disparaît, les mauvaises odeurs s’éclipsent. Le composteur, lui, se remplit à vue d’œil. Et l’effet boule de neige démarre : en voyant leur bac à ordures aussi léger, beaucoup réduisent aussi les emballages, privilégient le vrac et adoptent un regard plus critique sur leur consommation personnelle.
Car le compost agit aussi sur les mentalités. En se reconnectant au cycle naturel, il invite à réfléchir à ce que l’on achète, consomme et jette. Il fait passer d’une logique de “produit à éliminer” à celle de “ressource à valoriser”.
Composter, c’est aussi militer
Loin de représenter un geste banal du quotidien, composter ses restes de repas peut désormais s’envisager comme un acte profondément politique. En détournant les biodéchets des circuits traditionnels, on allège ainsi le travail des collectivités, on évite le recours aux incinérateurs, tout en contribuant à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Et tout cela sans bruit, sans discours ni banderole !
Des villes comme Milan ou San Francisco ont déjà adopté le compostage à grande échelle, avec des résultats impressionnants : une réduction massive des ordures, une baisse des coûts de traitement associées à une valorisation locale de la matière organique.
Et si ce réflexe devenait un automatisme ?
En France, la loi évolue : depuis janvier 2024, toutes les collectivités se doivent de proposer une solution de tri des biodéchets. Cela signifie que chacun, où qu’il vive, doit pouvoir composter ses restes organiques. Une avancée majeure, mais encore trop peu exploitée.
Reste donc à faire entrer ce geste dans le quotidien de chacun, à l’instar du tri sélectif (au passage bien moins efficace et écologique). Avec un seau dédié, un peu d’organisation et quelques feuilles mortes en stock, composter ses restes alimentaires devient aussi naturel que faire la vaisselle ! Et quelle satisfaction à voir ses déchets se transformer en matière organique pleine de vie…

