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Pourquoi le tri sélectif ne suffit plus (et ce qu’il faut faire à la place)

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Pendant des années, trier ses déchets a été présenté comme LE geste écolo par excellence. Simple, accessible et valorisant, il donne l’impression d’agir pour la planète sans bouleverser son quotidien. Mais derrière cette apparente solution miracle, le système dévoile de nombreuses failles. Arrêtons de nous voiler la face : le tri sélectif ne suffit plus.

Trier ses déchets est entré dans les habitudes citoyennes depuis de nombreuses années. Une habitude qui s’est muée en un véritable réflexe : bouteilles en plastique dans la poubelle jaune, épluchures dans la poubelle organique (dommage, elles feraient des merveilles au compost ou dans un gâteau anti-gaspi), journaux dans le conteneur papier… Un geste quotidien, facile, rassurant, voire satisfaisant. Pourtant, derrière ces soi-disant bonnes habitudes, se cache une grande illusion. Non, trier ne suffit plus. Alors quel est le mirage du recyclage ? Et surtout, quelles alternatives adopter pour réduire son impact et ses déchets ?

Le tri sélectif : une bonne idée… sur le papier

Impossible de nier que le tri sélectif ne part pas d’une bonne intention. L’idée n’est en effet pas si mauvaise : séparer les matériaux les uns des autres de sorte à ce qu’ils puissent être recyclés. Une bouteille plastique devient une autre bouteille, une canette se transforme en nouvelle canette et ainsi de suite. Le principe fonctionne… sur le papier.

Dans la vraie vie, le tableau est bien plus nuancé. Une grande partie des déchets triés ne sont jamais réellement recyclés. Soit parce qu’ils sont souillés (barquettes grasses, pots de yaourt mal nettoyés, tubes de dentifrice à moitié terminés, articles d’hygiène tachés), soit parce que le matériau n’est pas recyclable dans les centres locaux, ou encore tout simplement par manque de débouchés.

Et il faut bien le dire : la France exporte encore une partie de ses déchets, notamment plastiques, vers d’autres pays, parfois mal équipés pour les traiter correctement. Le tri ne fait alors que déplacer le problème.

Le recyclage du plastique : un leurre bien huilé

S’il y a un matériau qui symbolise les limites du tri, c’est bien le plastique. Contrairement à ce que l’on peut penser, le plastique n’est que partiellement recyclable. En France, moins de 30 % des emballages plastiques sont effectivement recyclés. Et dans le lot, seuls quelques types de plastique (PET, PEHD) peuvent être transformés sans trop de pertes.

Les autres sont soit brûlés, soit enfouis, soit exportés. Et à chaque cycle de recyclage, le plastique perd en qualité, ce qui rend impossible une boucle infinie comme avec le verre ou l’aluminium. Résultat : même bien trié, le plastique finit tôt ou tard sa vie en déchet non recyclable.

Ajoutons à cela le coût énergétique du recyclage, les émissions liées au transport et au traitement, et l’équation commence à perdre de son attrait. Ce n’est plus une solution, c’est un pansement.

Trier ses déchet pour se déculpabiliser (et inciter à consommer)

Le problème n’est pas le tri en soi, mais l’explosion du volume de déchets générés. Même si chaque emballage est bien trié, il y en a tout simplement trop. Trop de plastique à usage unique, trop de produits suremballés, trop d’objets conçus pour être jetés rapidement.

La logique du “tout recyclable” pousse à la consommation. On se rassure en se disant que l’emballage ira dans la bonne poubelle, alors qu’il serait préférable de ne pas produire ce déchet en premier lieu. C’est là que le bât blesse : le tri déculpabilise sans remettre en cause le modèle de production.

Que faire à la place ?

Plutôt que de se reposer uniquement sur le tri, il vaut mieux de changer de cap. La réduction à la source est aujourd’hui la seule solution vraiment efficace. Moins on produit de déchets, moins il y en a à trier. Cela passe par une série de gestes concrets, simples mais puissants :

  • Privilégier les produits en vrac ou les emballages consignés

  • Utiliser des objets durables : gourdes, bocaux, sacs en tissu

  • Réparer au lieu de jeter (textiles, électroménager, mobilier)

  • Emprunter ou louer ce qui ne sert qu’occasionnellement

  • Refuser les produits à usage unique dès que possible.

Le compostage individuel ou partagé est aussi une alternative précieuse. Les déchets organiques représentent environ un tiers de nos poubelles. Les détourner de l’incinération ou de l’enfouissement, c’est aussi réduire les gaz à effet de serre et enrichir les sols.

La responsabilité ne repose pas uniquement sur les citoyens

Il ne faut pas non plus tomber dans le piège du “chacun doit faire sa part” quand les industriels continuent de produire des montagnes de déchets. Lutter contre la pollution passe aussi par des politiques publiques ambitieuses : interdiction des emballages superflus, soutien aux filières locales de consigne, taxation des produits à usage unique, incitations à l’éco-conception.

Le tri a été pensé comme une réponse aux symptômes, mais aujourd’hui, il faut s’attaquer à la racine du mal, soit produire moins, mieux consommer, et repenser toute la chaîne de valeur pour sortir du tout-jetable.

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Source: DR

Si le tri sélectif a été un début, il ne peut plus être une fin en soi…

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Rédigé par Margaux, experte zéro déchet

Bretonne de cœur et de sang, je suis particulièrement sensible à l'environnement, partageant mon temps entre la montagne et l'océan. Des paysages de toute beauté qui forcent au respect. Depuis 2016, j'ai adopté un mode de vie (presque) zéro déchet, pour le plus grand plaisir de mon porte-monnaie ! En espérant que mes recettes et tutoriels éthiques, écologiques et économiques vous permettent de réduire vos déchets du quotidien, tout en vous évitant les dépenses inutiles.

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